Vidéo - 2007-2008 : de la crise immobilière américaine à la crise financière mondiale

Modifié par Claireprof

Contexte historique

La crise bancaire et financière de 2007-2008 est la plus grave que l'économie mondiale ait connu depuis les années 1930. Elle se déclenche début 2007, par l'explosion d'une bulle immobilière aux États-Unis. Le mécanisme est le suivant : des sociétés de crédit proposent à des ménages peu fortunés d'acquérir une maison par des prêts hypothécaires, les subprimes. Pour se couvrir du risque, les prêteurs comptent sur la hausse rapide des prix immobiliers. La revente en cas de saisie épongera les dettes. Le risque des subprimes est atténué par la « titrisation » qui mixe les prêts avec d'autres crédits plus solides. Les nouveaux titres sont ensuite placés avec des rendements attractifs auprès des banques et du public. Les subprimes ont du succès puisque leur montant atteint 1 000 milliards de dollars, soit 10 % de la dette hypothécaire américaine avant la crise. Cette stratégie fonctionne tant que le nombre des emprunteurs insolvables reste limité. Or, en 2006, il est de 11 %, mais il augmente jusqu'à 20 % en 2008. Le stock de biens saisis augmente, les prix de l'immobilier s'effondrent.

Cette chute de l'immobilier amorce le deuxième temps de la crise. Les banques les plus engagées sur ce marché comme HSBC rendent publiques leurs pertes en février 2007. À l'été et à l'automne, les mauvaises nouvelles s'accumulent des deux côtés de l'Atlantique. UBS, Merryll Linch et la Société générale reconnaissent des pertes. Ces aveux ne calment pas la méfiance du public qui soupçonne les banques de sous-estimer leurs dettes. Les actions s'effondrent, le marché boursier en subit le contre-coup. Le CAC 40 qui était de 6.168 points en juin 2007 perd 1 000 points à la fin de l'été. En Grande-Bretagne, en une journée, le 14 septembre 2007, les clients de la Northern Rock retirent un milliard de livres sterling. La banque n'est sauvée que par la nationalisation, le gouvernement jouant le rôle de prêteur en dernier ressort.

Partout, les organismes publics agissent pour combler les pertes, la BCE injecte 500 milliards de dollars dans le système financier en décembre 2007. La FED baisse à plusieurs reprises son taux d'intérêt pour faciliter l'accès au crédit. Une banque solide comme JP Morgan rachète Bear Sterns en difficulté. Ces opérations sont renouvelées tout au long de l'année pour éviter une paralysie du système bancaire, mais l'inquiétude demeure.

En septembre 2008, deux sociétés, Freddy Mack et Fanny Mae, qui garantissent le financement des prêts en assurant le relais entre les banques et le marché immobilier, doivent être sauvées par une intervention du gouvernement américain à hauteur de 100 milliards de dollars. Ces deux organismes jouent un rôle fondamental dans le système, car ils placent les crédits qu'ils ont « titritisés » auprès d'autres organismes financiers. De fait, les banques contribuent à diffuser des actifs toxiques, alors qu'elles étaient censées réduire les risques. Quelques jours plus tard, le Trésor laisse la banque d'affaires Lehman Brothers faire faillite. On veut faire un exemple vis-à-vis de ceux qui pensaient qu'elle était too big to fail, trop grosse pour chuter. Cette décision provoque une panique et une accélération de la crise qui touche d'autres pays et se fait sentir sur l'activité économique générale.

En Europe, la banque belgo-hollandaise Fortis est nationalisée en octobre 2008. Le gouvernement français proclame qu'il ne laissera pas les banques françaises faire faillite. En 2009, il engage jusqu'à 363 milliards d'euros pour les prémunir des risques. La banque Dexia qui finançait les collectivités locales est nationalisée en 2011.

La crise de liquidité et la contraction du crédit se font sentir sur l'économie réelle. En 2009, le PIB de l'Union européenne chute de 4,1 %, le chômage monte à 10 %. La récession touche toute l'Europe et les États-Unis. Les pays émergents sont eux peu affectés.

Éclairage média

Le présentateur du journal télévisé a invité deux économistes experts et habitués des plateaux, Elie Cohen et Marc Fiorentino, pour débattre de la crise financière qui sévit depuis plus d'un an. La parole de ces spécialistes n'étant pas toujours accessible au grand public, la rédaction a décidé de présenter un montage de 2 min 45, un temps plus long qu'à l'ordinaire, pour revenir sur les étapes de la crise et expliquer comment des dettes immobilières en Amérique peuvent affecter l'Europe et la France. Quelques dates, des images et de l'infographie relèvent le défi : expliquer simplement une crise financière mondiale.

Le point de départ est indiqué par un éphéméride : février 2007, l'éclatement d'une bulle immobilière montrée par les images de familles expulsées avec leurs meubles étalés devant la maison qu'ils doivent abandonner. Ces images, spectaculaires et choquantes pour des Français, illustrent la procédure, courante aux États-Unis, des expulsions pour traites impayées. Le commentaire assimile les subprimes aux prêts à taux variables. C'est en partie inexact, car elles peuvent aussi être à taux fixe. Ce qu'il y a de commun, c'est l'hypothèque qui permet de saisir la maison pour défaut de paiement. Une diapositive explique l'enchaînement qui touche les banques et le marché financier aujourd'hui mondialisé. L'effet domino de l'animation est simple et efficace. On passe ensuite à mars et septembre 2008, quand les faillites obligent les grandes banques et le Trésor à intervenir pour empêcher un écroulement du système de crédit. La déclaration de Henry Paulson semble se plier à la loi du too big to fail. Le reportage introduit ensuite une rupture par une « citation » du présentateur David Pujadas, annonçant la faillite de Lehmann Brothers. Ce procédé d'écriture veut signifier l'importance de l'événement, confirmé par les propos d'Alan Greenspan. Le mécanisme de la crise s'internationalise (images de la City).

Le commentaire omet de dire que c'est une décision de G. Bush qui précipite la faillite de Lehmann. La dernière partie du reportage quitte le champ de la pédagogie pour enchaîner sur l'action des gouvernements qui prennent en main le sort du système bancaire, par des nationalisations et des plans de sauvetage. L'action gouvernementale est mise en scène par la rencontre au niveau européen : Nicolas Sarkozy, qui préside l'UE, jusqu'à la fin de l'année 2008, reçoit ses partenaires à l'Élysée pour trouver des réponses à la crise.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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